[Enquête publique] Réaménagement du parc de Roodebeek (phase 2)
Un parc historique et emblématique de Woluwe-Saint-Lambert
Le parc de Roodebeek, aujourd’hui vaste espace vert communal de près de 4 hectares, est le fruit d’une histoire riche et mouvementée.
Ses origines remontent à l’Ancien Régime : les terrains appartenaient autrefois à la ferme Ten Steen, propriété de l’abbaye de Forest, puis des Jésuites de Bruxelles, qui en furent dépossédés à la suppression de la Compagnie (1773). Vers 1780, elles sont acquises par Lambert de Lamberts, banquier d’origine Liégeoise et futur constructeur du château Malou.
Au XIXe siècle, les lieux passent entre plusieurs mains. En 1879, l’exploitation d’une carrière de sable et de pierres y est autorisée, ce qui explique encore aujourd’hui les fortes pentes que l’on observe dans la partie basse du parc.
C’est à la fin du XIXe et au début du XXe siècle que se constituent véritablement les deux domaines privés qui formeront plus tard le parc communal :
- La propriété Devos, créée à partir de 1884 par Émile Devos, entrepreneur bruxellois à la retraite, qui y aménagea une maison de campagne et un splendide jardin, étendu par acquisitions successives. Sans héritiers, le couple Devos légua le domaine à la commune avec la volonté qu’il devienne un parc public et un musée.
- La propriété Montald, acquise au début du XXe siècle par le peintre symboliste Constant Montald et son épouse Gabrielle Canivet. La villa fut achevée en 1909 et devint un haut lieu de sociabilité artistique. Gabrielle prit grand soin des jardins, qui suscitèrent l’admiration des contemporains. Après le décès du couple (1942-1944), la propriété passa également dans le giron communal.
La Seconde Guerre mondiale marque un tournant : la commune réunit les deux domaines et inaugure officiellement le parc de Roodebeek le 17 juillet 1948. Conçu dès le départ comme le principal parc communal, il est pensé pour dépasser le simple usage de quartier et accueillir un public varié.
Dès les années 1950 et 1960, le parc s’enrichit d’équipements : plaines de jeux, animalerie (avec daims dès 1954, puis ânes et volière), pavillon pour pensionnés, et même une piste de ski artificielle (1966), unique à Bruxelles à l’époque ! Ces aménagements reflètent les attentes de l’époque : un parc multifonctionnel où l’on se promène, joue, fait du sport ou assiste à des spectacles.


À partir des années 1980-2000, la commune engage une politique de restauration et de mise en valeur : verger planté en variétés anciennes (1988), création d’un arboretum (2008), restauration d’entrées et d’ouvrages historiques. Le site est inscrit sur la liste de sauvegarde en 1998 et la partie haute classée en 2020 pour son intérêt paysager, scientifique et historique.

2. La première phase des travaux (2023-2025)
Un premier permis d’urbanisme, obtenu fin 2023, a concerné le flanc est du parc. Les travaux, menés en 2024 et clôturés début 2025, avaient pour objectif principal de sécuriser le talus en proie à l’érosion.
Des fascines (fagots de branchages) ont été mises en place pour stabiliser les sols, ralentir l’écoulement des eaux de pluie et créer de nouveaux habitats pour la petite faune. Cette intervention a permis de concilier sécurité, lutte contre l’érosion et renforcement de la biodiversité.
3. La phase 2 du projet – objet de l’enquête publique
La seconde phase, soumise aujourd’hui à enquête publique, vise l’ensemble de la partie haute du parc.
Les objectifs principaux sont :
- Sécuriser et restaurer les massifs boisés grâce à des abattages ciblés d’arbres malades ou dangereux (145 arbres, soit moins de 5 % du patrimoine arboré total de plus de 3 000 arbres). Neuf de ces arbres seront transformés en « totems » pour favoriser la biodiversité.
- Renouveler et diversifier le patrimoine arboré par la plantation de 200 jeunes arbres (pins sylvestres, aulnes, chênes pédonculés…) et par la restauration de l’arboretum (ajout de nouvelles espèces et bornage rénové).
- Renforcer la gestion de l’eau et limiter l’érosion par la restauration des puits d’infiltration, l’installation de fascines, la mise en place de noues végétalisées et la technique du merlonage (buttes retenant l’eau) sur les zones sensibles de talus.
- Améliorer la structure écologique du parc par la création de lisières étagées, de placettes de régénération et la mise en défens de zones de sols dégradés, afin de favoriser la flore et la faune locales.
- Rationaliser les usages avec la restauration des chemins en matériaux perméables et la réparation des clôtures et du mobilier existant.

4. Les enjeux pour notre association
En tant qu’association de quartier attentive à la qualité de vie des habitants, nous soulignons plusieurs aspects qui nous paraissent essentiels dans ce projet :
- Gestion durable de l’eau : les solutions prévues (fascines, noues, puits d’infiltration, haies et merlonage) sont cruciales pour réduire le ruissellement problématique vers la rue de la Charrette et la chaussée de Roodebeek, où les coulées d’eau de pluie sont fréquentes et causes des dégâts et inondations.
- Biodiversité : la diversification des plantations, le maintien de vieux arbres en totems, les placettes de régénération et la restauration des lisières représentent de réelles opportunités pour renforcer la richesse écologique du parc. A l’heure actuelle, le piétinement excessif, la présence parfois incontrôlée des chiens en libertés, et l’ombrage persistant empêche le développement de vie dans le sol. Le projet est un premier pas dans la bonne direction pour réanimer les strates basses du parc.
- Cohabitation harmonieuse des usages : la rénovation des clôtures et des chemins devrait permettre de canaliser les cheminements. La mise en défens de certaines zones permettra également de préserver ces zones pour la biodiversité et la petites faunes. Néanmoins, nous rejoignons l’avis de la Commission Royale des Monuments et Sites sur la nécessité de mettre en œuvre une campagne de surveillance et de sensibilisation à destination des usagers afin de responsabiliser chacun à la préservation du site.
- Abattages et replantations : L’abattage de 145 arbres est important, il est présenté comme nécessaire d’un point de vue sanitaire et sécuritaire. Nous serons attentifs à la justification de ces abattages ainsi qu’aux mesures de compensations et aux replantations (200 jeunes arbres). Nous soulignons que sur les 200 jeunes arbres replantés, un bon nombre n’atteindra pas son stade adulte à cause de la concurrence et qu’il faudra de nombreuses années pour que ces jeunes arbres rendent les même services écosystémiques que les 145 abattus.
En pratique : l’enquête publique est en cours jusqu’au 15 septembre 2025 et chacun peut donner son avis. Le dossier complet est consultable au service de l’urbanisme de la commune ou sur la plateforme régionale « openpermits » : https://openpermits.brussels/fr/_18/PFU/1979934
Vous pouvez réagir directement via la plateforme; par email à l’adresse ep.oo@woluwe1200.be ou par courrier postal adressé au Collège des Bourgmestre et Echevins – Av. Paul Hymans, 2 -1200 WSL
